Tsukasa Hôjô a créé son
plus grand succès, City Hunter, avec les bonnes doses d'action,
d'humour et de romantisme. Loin d'être une de ces histoires
d'amour dégoulinantes de "Je t'aime" qui perdent
leur sens et rendent la situation presque banale, celle de City
Hunter est une leçon de courage, de rires et de larmes, qui
montre les tribulations de deux coeurs qui se sont trouvés.
Bien que les personnages n'expriment
que rarement leurs sentiments, leurs actions parlent d'elles-mêmes
et le lecteur peut être certain que le lien qui existe entre
Ryô et Kaori est sincère et profond, l'amour avec un
grand A, celui que tout le monde cherche sans parfois jamais le
trouver.
Leur amour devient plus fort au fil des aventures
et des épreuves qu'ils traversent ensemble, bien que leur
complicité ne reste évidente que pour les autres.
Tous ceux qui les fréquentent finissent par comprendre
que rien ne peut les séparer. Ils sont "partenaires à
la vie comme à la mort" (Kaori). Les moments tendres
et de complicité où la fenêtre sur leur cur
s'ouvre légèrement sont rares et d'autant plus
précieux,
comme toutes les fois où Kaori, malgré une indifférence
apparente, prend soin de Ryô ou celles où Ryô
avoue malgré lui combien Kaori compte dans sa vie et dans
son coeur.
Chacun est prêt à sacrifier sa vie
pour l'autre et chaque nouveau danger qu'ils ont à affronter
y apporte une nouvelle preuve. La confiance qu'ils ont l'un en
l'autre
est aveugle et si profonde qu'ils n'ont même pas besoin de
se parler pour se comprendre, surtout dans une situation périlleuse.
Pour reprendre une phrase de "Sous un rayon de Soleil", "quand
les coeurs sont liés, les mots sont inutiles."
Pourtant, ni l'un ni l'autre ne veut reconnaître
leur affection réciproque parce que leur métier ne
le permet pas. Kaori est déjà considérée
comme le point faible de Ryô et comme le dit Doc, il est difficile
d'exercer ce métier quand on aime vraiment une femme. Quand
un danger menace directement Kaori, Ryô est bouleversé
malgré lui et commet des erreurs impardonnables pour un professionnel
de sa trempe. (Tome 14 Accroches-toi Kaori)
La situation est bien résumée par
Yuka Nogami (Tome 31).
"La question n'est pas que Ryô et Kaori soient ensemble
ou séparés, car leurs coeurs ne font qu'un. Alors
un tiers ne peut pas se mêler de leurs affaires. Mais cela
ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de problèmes...Ils
ne pourront pas rester ainsi indéfiniment. Ils devront
d'une façon
ou d'une autre, tirer leur relation au clair. Les lecteurs de roman
veulent des conclusions claires et nettes. Ils ne supportent
pas
que l'histoire s'arrête à mi-chemin."
Malheureusement, Maître Hôjô prend
un malin plaisir à laisser la situation telle quelle, tout
en nous livrant une fin digne d'un génie. Comme le dit Miki,
nos héros n'ont pas besoin d'officialiser leur amour pour
définir les choses entre eux. Et personnellement, je pense
que les dernières pages du manga résument parfaitement
pourquoi on aime tant City Hunter. La seule présence de l'autre
suffit à leur bonheur.
J'avais écrit ceci il y a plus de
2 ans maintenant et je ne savais pas que Kaori connaîtrait
une fin tragique (dans Angel
Heart, le nouveau manga de Hojo
et la suite dans un univers parallèle de CH). La beauté dans
ce drame est que même
la mort ne pourra sans doute pas les séparer. On ne peut
pas deviner la suite de l'histoire mais faisons confiance à
Maître Hojo pour qu'elle fasse pleurer les coeurs et qu'elle
touche les âmes.
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